Nous partons à la rencontre d'une figure mondaine du Tout-Paris et surtout à la découverte de sa garde-robe.
Passons la porte de son hôtel particulier, entrons chez Elisabeth de Caraman-Chimay, la comtesse Greffulhe.
Son élégance légendaire a marqué la Belle Epoque et le début du XXe siècle.
Femme de caractère et femme d'esprit, amie des Arts et des Sciences,elle recevait beaucoup et n'avait d'égal pour récolter des fonds, pour faire avancer la science en aidant Marie Curie ou pour promouvoir la musique en épaulant Wagner. Elle prônait l'égalité des droits des femmes et soutenait même le Front Populaire!
Robe de gauche en lamé or et vert:
Dans les années 20, la découverte de la tombe de Toutankhamon et le goût Art déco influencent la mode.
Manteau de droite lamé et broderies de perles bleues:
L'exotisme chinois et l'art oriental sont aussi omniprésents en ce début de siècle. Ce vêtement ressemble à un paysage, on peut apercevoir des nuages, des pagodes, des végétaux...
Le clou de l'exposition est sans nul doute cette robe d'intérieur somptueuse autrement appelée tea-gown et portée pour recevoir ses amis à l'heure du ...thé! Of course!
Les motifs bleus en velours ciselé sont immenses sur le fond de satin vert. Cette robe a été créée par Jean-Philippe Worth, le fils de Charles-Frederic Worth, le fondateur de la Haute-Couture.
Une autre tenue emblématique de l'exposition: cette robe qu'elle a portée pour le mariage de sa fille. Vous avez bien lu, le mariage de sa fille. Cette robe resplendissante en taffetas lamé, filé or, couverte de broderies à reflets nacrés, laisse à penser que la mère a volé la vedette à sa fille. Et bien, oui! C'est exactement ce qui s'est passé. Elle est arrivée une demi-heure à l'église de la Madeleine avant la mariée et a fait sensation auprès des invités et de la presse qui se pâme: "fascinante jusqu'à l'éblouissement, dans une sensationnelle toilette d'impératrice byzantine."
La robe aux lis est présentée seule dans la dernière salle. Une robe spécialement créée pour elle par la maison Worth et qu'elle a elle-même imaginée. La comtesse porte cette robe sur des photos de Nadar exposées dans la même pièce. On la voit ajuster un bouquet de lys devant un beau miroir? Ce qui nous permet de mettre un visage sur son nom et de se rendre compte de sa silhouette à la taille si fine.
La scénographie est attrayante, on se croit dans un appartement haussmannien ou en coulisses derrière un décor de théâtre. On voit rapidement que cette mise en espace prend parfois ses aises pour combler le manque de tenues à présenter. On voudrait en voir plus! Bien évidemment ! Comme pour l'exposition "Roman d'une garde-robe", l'éclairage ne répond pas à toutes les contraintes techniques. Je veux parler des cartels, qui dès qu'on s'en approche pour les lire, se retrouvent voilés par notre propre ombre. A force, c'est énervant.
Quoiqu'on en dise, cette exposition mérite le détour, comme toutes les expositions du Palais Galliera, d'ailleurs!
Cette femme à la mode, qui ne suit pas la mode, mais qui la donne a grandement contribué à la construction du théâtre des Champs-Elysées. Je suis donc très contente de l'avoir découverte.
Et n'oubliez pas de bien regarder sa carte d'identité dans la dernière salle carrée. On peut non seulement voir qu'elle a menti sur son âge en se rajeunissant de huit ans, mais surtout on tombe aussitôt nostalgique de cette époque où tout était permis sur sa photo d'identité!! Je ne vous en dit pas plus...
Palais Galliera
10 avenue Pierre 1er de Serbie
75016 Paris
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à18h
Nocturne les jeudis jusqu'à 21h
Fermé les lundis et jours fériés
www.palaisgalliera.paris.fr